Au-delà des supermarchés :
la distribution dans les systèmes alimentaires locaux

Les distributeurs indépendants sont encore peu connus des collectivités locales.

Ils peuvent jouer un rôle dans la re-territorialisation des systèmes alimentaires.

Ils pourraient assurer un accès plus large à une alimentation durable sans abdiquer les valeurs clés qui guident l’action alimentaire locale.

La distribution est un maillon clé de la chaine alimentaire, entre la production et la consommation. Pourtant, peu connus des collectivités locales, souvent assimilés uniquement à la seule grande distribution, les distributeurs sont encore peu présents dans les politiques alimentaires locales. Dans un article publié dans La Revue de l’Organisation Responsable, deux chercheuses de VetAgro Sup Clermont et AgroParis Tech Clermont-Ferrand (France) soulèvent la question de la place de ces intermédiaires indépendants dans les stratégies alimentaires locales.

Entre la grande distribution et les circuits courts

Qui sont exactement les distributeurs ? Il s’agit d’un ensemble d’acteurs hétérogènes, qui peuvent intervenir à différentes étapes de la chaine alimentaire (commerce de gros ou de détail). Les chercheuses s’intéressent dans cet article aux distributeurs qui ne sont pas affiliés à des enseignes de la grande distribution, à savoir, les commerçants de détail et les grossistes indépendants.

Ces deux professions ont pour point commun que leur poids dans la distribution alimentaire a décliné tout au long du XXe siècle au profit de la grande distribution. Elles ont cependant en France encore un poids important. Les commerces de détail semblent revenir dans les habitudes des français, notamment en ville sous l’effet de la gentrification, tandis que, selon une étude de l’INSEE sur des données de 2005, les grossistes indépendants assuraient encore près de la moitié des ventes (en valeur) de produits agricoles.

Concurrencés par la grande distribution (notamment avec le retour récent de petits supermarchés en ville), ces acteurs le sont aussi par le développement des circuits courts sans intermédiaires. En effet, avec la vente directe, et notamment par Internet, plus besoin ni de grossistes, ni de petits commerçants !

Comment se positionner dans la relocalisation du système alimentaire ?

Comment ces acteurs se positionnent-ils par rapport à cette double concurrence ? Et surtout, comment peuvent-ils participer à la relocalisation des systèmes alimentaires ?

Les chercheuses soulignent que la proximité peut-être une opportunité pour ces acteurs car elle leur offre la possibilité de se différencier de la grande distribution. De fait, on voit apparaître ces dernières années en France de nombreuses initiatives qui traduisent la volonté de ces acteurs de s’inscrire dans les circuits de proximité. Par exemple, des grossistes développent des certifications de l’origine locale ou fournissent à leurs clients des outils de communication sur l’origine des produits (affiches…). On peut notamment citer la marque « Jardin d’ici » du groupe Créno. La grande distribution a cependant une capacité d’innovation importante, ce qui rend la concurrence très prégnante sur le créneau du local.

Quelle valeur ajoutée pour l’intermédiation ?

Plus largement, cet article soulève la question de la place des intermédiaires indépendants dans les stratégies alimentaires locales. Il pointe notamment le fait que ces acteurs ont des ressources et des savoir-faire qui peuvent permettre de faire de l’intermédiation une activité créatrice de valeur et de proximité au sein des systèmes alimentaires. On peut citer notamment la connaissance que ces distributeurs ont de l’offre alimentaire de leur territoire ou leur travail de transmission d’information sur la qualité et l’origine des produits. On peut également prendre en considération le rôle qu’ils peuvent jouer dans l’organisation de la logistique alimentaire ou l’aménagement des territoires, urbains notamment.

Pour autant, ils sont encore peu présents dans les politiques alimentaires locales. Les collectivités locales y intègrent des valeurs de partage équitable de la valeur ajoutée dans les filières. Cela les a amenées à appuyer en priorité le développement de circuits courts, sans intermédiaire. Aujourd’hui, pour Virginie Baritaux, co-auteure de l’article, se pose la question de comment travailler avec ces intermédiaires peu connus, dont les modèles économiques sont encore peu compris par les collectivités. L’objectif ? Assurer un accès plus large à une alimentation durable mais sans abdiquer les valeurs clés qui guident l’action alimentaire locale.

Ainsi, l’intégration de ces acteurs dans des dynamiques d’alimentation durable et équitable est un des enjeux à venir pour les politiques alimentaires locales.

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