Alimentation urbaine, eau et énergie :
relier les points

La politique alimentaire n’est pas seulement une politique… alimentaire. Elle concerne aussi l’eau et l’énergie.

Les villes doivent adopter une strategie intégrée de gestion de leurs infrastructures.

La priorité ? Comprendre les flux.

Si le système alimentaire a besoin d’eau et d’énergie, alors la politique alimentaire doit aussi s’intéresser à ces ressources. La recherche sur les liens, et les possibles compromis, entre ces trois ressources de base pour l’activité humaine a connu un essor important ces dernières années. Il est temps de faire le bilan de ces travaux et de voir ce que les villes peuvent en retirer. Un article publié dans Resources, Conservation and Recycling par des chercheurs chinois et américains, passe en revue la littérature scientifique sur la question.

Au-delà de l’alimentation…

L’alimentation, l’eau et l’énergie sont les trois ressources de base de toute société humaine. Cependant, les politiques les concernant sont souvent développées en silo. Cet article nous rappelle l’importance de les analyser ensemble. En effet :

  • Elles sont interconnectées. C’est ce que la communauté académique et les organisations internationales appellent le « Triptyque Eau-Energie-Alimentation » (« Food-Energy-Water Nexus »). Si le système énergétique ou hydraulique fait faillite, alors le système alimentaire peut également être affecté.
  • Elles sont non seulement connectées entre elles, mais aussi liées à des facteurs externes, comme le climat.
  • Cette interconnection est d’autant plus cruciale dans les villes car ces dernières ne produisent aucune de ces ressources. Elles dépendent d’autres parties du pays, voire du monde.

Une première conclusion pour toute ville qui s’embarque dans une politique alimentaire est donc qu’il faut aller au-delà de l’alimentation. La politique alimentaire n’est pas seulement une politique… alimentaire. C’est aussi une politique énergétique et une politique de l’eau.

… et de la planification des infrastructures urbaines

Parce que les ressources viennent de l’extérieur de la ville, les auteurs insistent sur le fait que toute planification les concernant doit regarder au-delà des frontières urbaines. Ils soulignent que « les impacts des villes hors de leur géographie immédiate et leurs relations aux ressources (alimentation, eau et énergie) doivent être pris en compte dans la planification et les politiques ».

Ici, il est essentiel de porter attention aux infrastructures, et, plus précisément, d’adopter une approche intégrée (voir notre article précédent sur la question). Les auteurs citent l’Integrated Water Resources Management comme un bon exemple d’approche globale de gestion des ressources.

Ainsi, pour assurer leur approvisionnement futur, les villes doivent faire un double pas de côté et comprendre que les politiques alimentaires urbaines doivent aller au-delà de l’alimentation, et au-delà de la ville.

Passer à l’action

Relier les points entre les infrastructures (et les sujets !) peut être une tâche difficile pour les villes, d’autant que le concept de triptyque « Eau-Energie-Alimentation » est encore largement cantonné au monde de la recherche.

Cependant, il leur est possible d’agir dès aujourd’hui pour éviter des effondrements systémiques. Les villes peuvent pour cela s’appuyer sur une diversité de méthodes, qui dépend de leur niveau d’ambition. Certaines de ces méthodes, cependant, font encore l’objet de recherche. Mais on peut déjà faire beaucoup.

  • Première étape : comprendre et quantifier les flux de ressources. Il existe pour cela deux méthodologies possibles. La première est l’analyse de cycle de vie, qui calcule les impacts environnementaux (et donc l’utilisation des ressources) liés à un produit ou d’un service. La seconde, appelée matrice entrée-sortie, capture les flux de ressources qui entrent et qui sortent des villes. Ces deux méthodes sont largement utilisées et robustes.
  • Deuxième étape : utiliser des modèles pour évaluer l’impact des politiques en amont de leur mise en œuvre, et prédire les évolutions. Pour cela, les villes ont besoin d’utiliser des modèles et des outils qui leur permettent de comprendre les liens entre les ressources, mais aussi, la façon dont ceux-ci peuvent évoluer. Ces outils sont clés pour identifier des compromis possibles entre politiques (voir notre article précédent sur l’usage de l’eau dans l’agriculture urbaine). On peut citer par exemple le Climate, Land (Food), Energy and Water strategies approach (CLEWs).
  • Troisième étape : optimiser l’usage des ressources et des infrastructures. Là, les villes risquent de rencontrer des modèles de recherche, qui ne sont pas encore complètement opérationnels. La recherche avance sur le sujet, une bonne raison pour les villes de collaborer avec elle, pour s’approprier au mieux ses résultats !

Aller plus loin

Urban food resilience

Les trois piliers de la résilience alimentaire urbaine

Comment faire entrer l’alimentation dans l’urbanisme ?

Les déchets urbains, une ressource pour l’agriculture urbaine ?

Inscrivez-vous !

Découvrez notre newsletter

Lire plus

Consultez nos derniers articles

Explorez !

Nos recueils annuels d'articles

%d